2e Journée Luxembourgeoise de la Traduction et de l’Interprétation

La 2e Journée luxembourgeoise de la traduction et de l’interprétation s’est tenue le 30 septembre 2017 au Centre national de littérature à Mersch. L’événement a été organisé par l’Association luxembourgeoise des traducteurs et interprètes (ALTI) à l’occasion de la Journée mondiale de la traduction.

ÉDITION ANTÉRIEURE

1re Journée luxembourgeoise de la traduction et de l’interprétation 2016

PROGRAMME

10h00 – 10h15 Allocution de bienvenue
par un collaborateur du Centre national de littérature (CNL)
10h15 – 10h30 Allocution de bienvenue et présentation de l’ALTI
Mme Rita Schmit
10h30 – 11h00 « Le multilinguisme au Parlement européen : les origines historiques et les perspectives actuelles »
M. Michel Catuhe
11h00 – 11h30 « Traduire pour la Cour de Justice de l’Union européenne : le métier de juriste linguiste urbi et orbi »
Mme Frédérique Locoge
11h30 – 12h15 « La préparation, instrument essentiel pour une interprétation de qualité » &
Présentation de l’Association européenne des interprètes et traducteurs juridiques
Mme Daniela Amodeo Perillo
12h15 – 13h45 Pause déjeuner
13h45 – 14h15 « Les dernières évolutions de la traduction automatique : ses avancées et ses limites, menaces et opportunités pour le traducteur »
M. Luis Ferrer
14h15 – 15h00 « Le théâtre comme reale : la traduction au gré de la culture scénique »
Mme Ludovica Maggi
15h00 – 15h30 « La traduction est une baleine impatiente »
M. Jean Portante
15h30 – 16h00 Pause-café
16h00 – 17h00 « Gérer les conflits de révision »
M. Attila Piróth
17h00 – 18h00 « Traverser l’écran : voyage (non virtuel) au pays des clients »
Mme Chris Durban

RÉSUMÉS ET BIOGRAPHIES

Le multilinguisme au Parlement européen : les origines historiques et les perspectives actuelles
par M. Michel Catuhe

Avant d’analyser les conséquences du Brexit sur le multilinguisme au sein du Parlement européen, il convient de définir le multilinguisme et ce qu’il recouvre en tant que principe démocratique. Le multilinguisme est une émanation de la construction européenne qui se veut avant tout au service des citoyens européens. Or, le projet du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne laisse planer un doute sur le statut futur de la langue anglaise au sein d’un ensemble qui verra alors partir le plus fort contingent de locuteurs anglophones de l’Europe des 28.

L’anglais va-t-il dès lors demeurer une langue officielle et une langue de travail de l’Union européenne ? Doit-on plutôt essayer de lui contester sa place dominante dans les échanges intra-européens ? Cette nouvelle lingua franca qu’il est devenu serait-elle menacée par d’autres modalités d’organisation linguistique ?

C’est à ces interrogations et à ces incertitudes que j’essaierai d’apporter des éléments de réponse et j’esquisserai, en conséquence, quelques pistes d’avenir.

Biographie :
Linguiste de formation, Michel Catuhe possède un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT) de l’Université de la Sorbonne-Nouvelle. Il est également titulaire d’un Master II en droit de la construction européenne des Universités de Nancy 2 et de Luxembourg. Il a commencé sa carrière de traducteur technique auprès du constructeur d’hélicoptères Eurocopter (devenu entre-temps Airbus Helicopters) et est entré au service du Secrétariat général du Parlement européen en mai 1989, comme traducteur, au sein de la division de la traduction française. Depuis août 2009, il dirige l’unité (ex-division) de la traduction française, qui regroupe plus d’une cinquantaine de personnes (traducteurs et assistants).


Traduire pour la Cour de Justice de l’Union européenne: le métier de juriste linguiste urbi et orbi

par Mme Frédérique Locoge

Biographie :
Frédérique Locoge a commencé en 2001 à travailler comme juriste linguiste à l’unité de traduction de langue française de la Cour de justice de l’UE. Depuis 2013, elle exerce les fonctions de chef d’unité adjoint dans cette même unité.
Diplômée en droit de l’Université catholique de Louvain (Belgique), elle a commencé sa carrière comme avocate au barreau de Bruxelles et d’Anvers pour ensuite rejoindre le service juridique d’une multinationale japonaise dont elle a assumé la responsabilité pendant 7 ans.


La préparation, instrument essentiel pour une interprétation de qualité

par Mme Daniela Amodeo Perillo

Biographie :
Née à Trieste (Italie), où elle a terminé ses études à la « Scuola per Traduttori ed Interpreti di Conferenza » en 1977, Daniela Amodeo Perillo a commencé sa carrière professionnelle en tant qu’indépendante et secrétaire dans un cabinet d’avocats. Elle a ensuite travaillé pour la Commission européenne et le Parlement européen avant de rejoindre le service d’interprétation de la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg en 1982.
Nommée coordinatrice pour la formation au sein de sa direction en 2002, Mme Amodeo a représenté la CJUE en tant que membre de plusieurs jurys, comités et groupes de travail interinstitutionnels et en tant qu’intervenante à des conférences et séminaires internationaux.
Ses langues de travail sont l’italien (A), le français, l’anglais, l’allemand et le portugais (C) et elle a presque terminé ses études de droit à l’Université de Trieste.
Mme Amodeo est membre de l’Association italienne des traducteurs et interprètes judiciaires (Assitig) et membre associé de l’Association européenne des traducteurs et interprètes (EULITA) depuis sa fondation. Depuis avril 2017, elle est présidente d’EULITA.


Les dernières évolutions de la traduction automatique: ses avancées et ses limites, menaces et opportunités pour le traducteur

par M. Luis Ferrer

– Introduction à la typologie méthodique dans la traduction automatique : TA à base de règles, traduction statistique (SMT), la traduction automatique neuronale (NMT), le traitement automatique du langage naturel
– L’outil Moses et la plateforme MT@EC de l’UE. Les initiatives de la Commission
– Questions de confidentialité et big data: ou pourquoi les mémoires de traduction en ligne (OmegaT et autres) sont gratuits
– Les limites de la traduction automatique : la polysémie, le contexte, etc.
– Les effets immédiats de la traduction automatique sur la profession du traducteur et l’activité émergente de la post-édition
– Réflexions sur l’intégration de la TA dans le domaine de la traduction, ainsi que ses menaces et ses opportunités
– La création de la valeur ajoutée dans ce nouveau contexte.

Biographie :
Luis Ferrer est traducteur-interprète professionnel d’espagnol depuis 12 ans. Il gère un cabinet de traduction financière au Luxembourg depuis 2012 et devient membre de l’ALTI en 2014. Diplômé en traduction et interprétation par l’Université de Grenade en 2005, il poursuit ses études en gestion d’entreprises en Espagne et à l’UCLA, bénéficiaire d’une bourse du gouvernement espagnol pour réaliser une étude de recherche à Los Angeles sur l’apprentissage de la langue espagnole sur le marché universitaire américain (2006-2008). Il est traducteur assermenté près la Cour supérieure de justice de Luxembourg (2013) et le Ministère des affaires étrangères d’Espagne (2006).


Le théâtre comme reale : la traduction au gré de la culture scénique

par Mme Ludovica Maggi

Expression et reflet de la société qui le produit, le théâtre est loin de recouvrir un terrain conceptuel universellement partagé. Reale à part entière, il renvoie, en dépit de sa définition univoque, à un phénomène composite qui change d’aspect selon les contextes culturels au sein desquels il se manifeste. Aussi, avec la fonction sociale du spectacle, évoluent également, au fil du temps et de l’espace, les lieux et les publics de la représentation, les codes de la composition dramaturgique et de la gestualité actoriale, l’esthétique et l’oralité scénique. Traduire le théâtre, c’est donc interpréter la réalité de la scène et le tissu idéique qui la sous-tendent dans l’espace-temps culturel source, puis les mettre en dialogue avec les idées et les pratiques du théâtre propres à l’espace-temps culturel cible. Or, si l’interprétation de l’autre ne peut inconsciemment se passer de l’expérience de soi, la traduction pour la scène s’accompagne également d’un parti pris conscient, fondé sur la réalité scénique de destination du texte traduit. Au cours de notre communication, nous tâcherons de montrer en quoi le théâtre peut rejoindre la catégorie des realia et comment sa traduction comporte des difficultés qui s’apparentent à celles traditionnellement évoquées au sujet de la traduction des realia.

Biographie :
Diplômée de lettres classiques à La Sapienza de Rome en 2004, puis en interprétation de conférence et traductologie à l’ESIT en 2011, Ludovica Maggi a également obtenu une spécialisation en traduction économique et financière à l’université de Gênes en 2012. Interprète, traductrice, enseignante (à l’ISIT), elle évolue dans des domaines de spécialité plutôt pragmatiques : institutions et entreprises ; sujets économiques, politiques, techniques, juridiques ; marketing, communication web… Doctorante à l’ESIT-Paris III, elle cultive sa passion pour la recherche théorique et la réflexion en sciences humaines, avec une thèse sur l’oralité et la temporalité dans la traduction théâtrale. Elle a également écrit sur la traduction des dialectes au théâtre et sur l’herméneutique en traduction.


La traduction est une baleine impatiente

par M. Jean Portante

« Je tenterai de rapprocher deux mots qui normalement sont assez loin l’un de l’autre, à savoir le mot «baleine» et le mot «traduction». Et comme si cela ne suffisait pas, j’y ajoute les deux prolongements de ce rapprochement que sont la frontière et la migration. Voilà donc l’architecture de mon propos. Je ne vous en parlerai pas en expert, ce que je ne suis pas, mais en tant qu’écrivain qui sait que sans la traduction, la littérature qu’il nous est donné de lire en France, aurait un corps assez mince. Tout comme il sait que sans la baleine il serait resté orphelin de langue. »

Biographie :
Jean Portante est né en 1950 à Differdange (Luxembourg), de parents italiens. Il vit à Paris. Son œuvre, riche d’une quarantaine de livres – poésie, romans, essais, pièces de théâtre – est largement traduite. En France, il est membre de l’Académie Mallarmé. En 2003, il a reçu le Grand Prix d’automne de la Société des gens de lettres, pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que le Prix Mallarmé pour son livre L’étrange langue. Dix ans plus tôt, son roman Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine lui avait valu le Prix Servais au Luxembourg. Prix qui lui a été attribué une deuxième fois, en 2016, pour son roman L’architecture des temps instables. En 2011, il a été couronné du Prix national Batty Weber au Luxembourg, pour l’ensemble de son œuvre. Bien d’autres prix littéraires lui ont été attribués, et parmi eux le Prix Alain Bosquet pour sa traduction de L’amant mondial de Juan Gelman en 2013. Ses livres sont publiés essentiellement chez PHI (Luxembourg) et au Castor Astral (France), mais également en Belgique, en Suisse, au Québec ainsi que, en traduction, dans une quinzaine d’autres pays. Depuis plus de trente ans, il exerce une activité de traducteur littéraire. Il dirige en France, avec Jacques Darras, la revue INUITS DANS LA JUNGLE ainsi que la collection « Passeurs d’Inuits » au sein du Castor Astral. Il est également le directeur de la collection cahiers latins des éditions Caractères. Derniers livres de poésie parus : Après le tremblement, Castor Astral, 2013. Le travail de la baleine, Editions PHI, 2014, Richter, Editions Caractères, 2015. La tristesse cosmique, Editions PHI, 2017.


Gérer les conflits de révision

par M. Attila Piróth

Lors de cette présentation, nous analyserons une dizaine de scénarios différents de révision et d’évaluation de (la?) qualité entre traducteurs, réviseurs, chefs de projet (qui parlent la langue cible ou pas), correcteurs d’examen etc., pour identifier les racines de conflits potentiels. Nous allons voir que la communication efficace d’une critique aide à bien définir le cadre de l’éventuel conflit – et donc de « choisir le champ de bataille ».
Ces conflits et le stress sont principalement liés à un fonctionnement qui est devenu courant dans notre métier : travail dans l’isolement, sans connaître ses collaborateurs. Nous conclurons sur des idées pour changer cette situation.

Biographie :
Docteur en physique et traducteur hongrois d’Einstein, Attila Piróth est traducteur scientifique et technique depuis 16 ans. Il est correcteur de l’examen de l’association ATA et membre de l’association SFT. Il a été l’organisateur principal d’un congrès international de traduction à Bordeaux en septembre 2015. Responsable des stages payés au sein de l’ONG française Solidarités International, Attila a formé 14 traducteurs français-anglais entre 2009 et 2017. Il a donné des conférences et animé des ateliers dans 16 pays.


Traverser l’écran : voyage (non virtuel) au pays des clients

par Mme Chris Durban

Que d’avantages à rencontrer ses auteurs et clients ! Des échanges plus riches, bien sûr, mais surtout une meilleure compréhension de leur monde, de leur discours, de leurs angoisses. Sans parler des enjeux commerciaux. Car un client auquel vous avez parlé en personne, serré la main, avec qui, peut-être même, vous avez pris un café, est forcément plus fidèle. Or, la fidélité a son importance dans un monde en mouvement, où les budgets apparaissent et disparaissent toujours plus vite.
Pourquoi, alors, tant de traducteurs restent-ils cloitrés chez eux ? Prenons un moment pour réfléchir ensemble à ces histoires que nous nous racontons, nous autres linguistes, pour rester confortablement installés à l’abri de notre écran. Nous analyserons les conséquences négatives de notre « abonnement » au confort de TranslatorLand, avant d’envisager d’autres orientations concrètes, à mettre en pratique de suite.

Biographie :
Établie à Paris, Chris Durban est traductrice indépendante spécialisée dans la traduction rédactionnelle en anglais pour le compte de clients exigeants : les actionnaires, les clients et les partenaires d’un éventail d’entreprises et d’institutions françaises. Pendant des années, elle a tenu une chronique à l’intention des acheteurs de traduction intitulée « The Onionskin » dans l’ITI Bulletin (Royaume-Uni) et The ATA Chronicle (États-Unis). Elle est aussi coauteure de la rubrique-conseil Fire Ant & Worker Bee dans le Translation Journal. En 2010, elle lançait une compilation revue et mise à jour de ses articles FA&WB sous le titre : The Prosperous Translator, et en 2014 a collaboré avec ses amis du WordLink Forum pour sortir 101 Things a Translator Needs to Know.
Chris anime régulièrement des conférences et ateliers sur la traduction spécialisée et la prestation de services aux clients directs. Elle a rédigé de nombreux articles soulignant les avantages pour les traducteurs et les clients d’une approche linguistique proactive. Consultez à ce sujet : http://bit.ly/13mGfGh et http://bit.ly/Z0ZD5Y et http://www.catherinetranslates.com/to-sign-or-not-to-sign-chris-durban-strikes-again/
Chris est aussi l’auteure de Translation, Getting it Right, un guide de 30 pages à l’intention des acheteurs de services de traduction publié par ITI et traduit en quinze langues dont le français (Traduction : faire les bons choix). À ce jour, il a été tiré à plus de 200 000 exemplaires à l’échelle internationale. Elle est coauteur de Translation — Buying a non-commodity, disponible en anglais, français (Traduction : les mots au kilo?) et allemand. Tous les deux ans, elle coorganise l’Université d’été de la traduction financière pour la Société française des traducteurs (SFT), qui réunit pendant trois jours des traducteurs financiers.
Chris est membre de l’ATA et de la SFT et fellow de l’ITI (Royaume-Uni). Ancienne présidente de la SFT, elle a reçu de l’ATA la médaille Alexander-Gode en 2001.